.: Interview de Frédéric Mars :.
Thibaut : Bonjour Frédéric Mars et merci pour cette
interview !
___Enfance & Écrivain___
Étiez-vous bon lecteur lors de votre enfance ? Si oui, quels étaient
vos séries préférées et vos héros préférés ?
Frédéric Mars :
Je lisais beaucoup, oui, et un peu de tout, sans série ou héros
récurrent préféré. Par nature, je ne suis pas fan ou groupie, je
suis plus motivé par la soif de découvrir toujours d'autre chose
que par l'envie de retrouver un univers défini. C'est encore le cas
aujourd'hui, et à part mes trois auteurs fétiches que sont Kafka,
Modiano et Philip K. Dick, il y a peu d'auteurs dont j'ai dévoré
toute l'œuvre.
T : Vouliez-vous
devenir écrivain quand vous étiez enfant ? Avez-vous eu quelqu'un
dans votre famille qui vous a poussé à écrire ?
FM : Je voulais
devenir scénariste de cinéma ! Ce que je n'ai pas encore réellement
accompli, j'ai juste écrit un peu pour lé télé. Donc il me reste
encore des choses à explorer.
Chez mes parents, il y
avait beaucoup de livres, tous en accès libre. Mais mes parents ne
me poussaient pas spécialement dans une direction donnée. Ce sont
deux profs, l'un en primaire, puis l'autre au collège, qui ont
décelé et valorisé chez moi une relative facilité d'écriture. En
me délivrant les bons encouragements au bon moment, ils ont mine de
rien inscrit en moi l'idée que j'étais fait pour ça, et je les en
remercie encore aujourd'hui.
T : Pourquoi
êtes-vous aussi proche de vos lecteurs ? Certains auteurs mêmes
français sont plus distants !
FM :C'est Facebook
et les réseaux sociaux qui induisent et permettent ça. Vraiment, au
quotidien, je suis plutôt un ours solitaire ! Mais c'est si facile
et agréable de discuter en ligne, ça s'inscrit si naturellement
dans mon fonctionnement (l'écrit), que je le fais naturellement. Un
seul coup de fil me perturbe plus dans mon travail que vingt messages
écrits...
___Non Stop___
T : Pouvez vous
nous présenter Non Stop ?
FM : NON STOP est
un thriller contemporain, situé aux États-Unis, principalement à
New York, dans les jours qui précèdent le 11e anniversaire du 11
septembre. Un homme ordinaire reçoit une enveloppe kraft anonyme et
se met à marcher en direction du métro. À peine s’est-il arrêté
sur le quai de la station qu’il explose, semant la mort autour de
lui.
Très vite, les
explosions de ce genre se multiplient à une allure folle dans tout
le pays, générant un chaos globalisé. Or, les kamikazes en
question n'ont pas du tout le profil type du terroriste. Ce sont des
personnes ordinaires, et a priori de bons citoyens. Pourtant, tous
reçoivent ces enveloppes et se mettent à marcher. S’ils
s’arrêtent, la charge explosive se déclenche, où qu’ils
soient.
Les autorités sont
confrontées à la plus gigantesque attaque terroriste aux
États-Unis, insaisissable, et d'autant plus déstabilisante que ce
sont de simples quidams qui ont été piégés, et transformées en
armes. En quelque sorte, l'Amérique devient son propre ennemi...
T : Pourquoi
avait vous écrit Non Stop ? Une peur personel ou un resenti général
?
FM
: L'idée m'est venue d'une brève
publiée début 2010 par le quotidien anglais le Daily Mail, qui
rendait compte d'une découverte du MI5, les services secrets
britanniques. Une info qui serait passée pour un gag si elle
avait été publiée le 1er avril. On y apprenait que des chirurgiens
d'origine pakistanaise avaient été formés à l'étranger pour
poser des implants mammaires piégés sur des femmes kamikazes. Ou
d'autres types de prothèses piégées. Je n'ai eu qu'à imaginer ce
que cela pourrait donner si ces implantations se faisaient à l'insu
de ces mules explosives, et à grande échelle.
T : Pourquoi
avoir choisi comme lieu principal New-York et pas les grandes
capitales d'autres pays ?
FM : Parce que
j'adore New York pour commencer, que je suis très attaché à cette
ville où j'ai fait d'assez nombreux séjours. Ensuite, car, par la
faute du 11 septembre, c'est la ville des États-Unis la plus marquée
par le terrorisme. Enfin parce que c'est un théâtre extraordinaire
pour situer une menace globale, très riche en lieux divers et
symboliquement très forts.
T : Pourquoi
parler de terroriste ? Et de gens qui explosent ?
FM : Ce n'était
pas prémédité. Comme je l'ai dit plus haut, l'idée m'est venue
par le biais de l'actualité, et du contexte géopolitique qui est le
nôtre. D'ailleurs, détail amusant que je n'ai réalisé que très
récemment : l'un de mes oncles a été implanté d'un pacemaker en
urgence au Roosevelt Hospital il y a quelques années, à l'occasion
d'un voyage à NY. Et, franchement, je ne m'en suis même pas souvenu
de manière consciente au moment d'écrire mon livre. C'est mon père,
son frère, qui l'a relevé quand il a lu NON STOP à son tour :
"Mais tu sais que tu parles de lui dans ton roman !".
T : Pourquoi
avez-vous mis une histoire de famille, en toile de fond, sur une
histoire de terroriste ?
FM : Peut-être à
cause du point précédent ! Non, plus sérieusement, parce que ça
me semblait important d'humaniser mes personnages au-delà de cette
machination de grande envergure et de leurs seules fonctions de flics
ou d'agents.
T : Pourquoi
avoir choisi Black Moon ?
FM : C'est plutôt
Black Moon qui m'a choisi. J'avais présenté des projets plus Young
Adult à Cécile Terouanne, la patronne de Black Moon. Elle hésitait
un peu, et quand je lui ai pitché NON STOP, elle m'a dit presque
immédiatement : "c'est ça que je veux !". Car elle avait
déjà le souhait d'élargir le spectre de ses publications à des
choses plus adultes, et mon projet est tombé à point nommé.
T : Pourquoi
faire un roman sur la politique et tout ce qui se passe dans l'ombre
? Pour démontrer ?
FM : Oui, pour que
le lecteur ait le sentiment non pas d'être extérieur à des
décisions qui lui échappent, mais qu'il ait la sensation de vivre
les choses de l'intérieur. En tant que simple lecteur, j'adore qu'on
soulève pour moi le voile sur les choses cachées ou secrètes. Sur
la coulisse des événements.
T : Avez-vous
fait beaucoup de recherche pour ce livre ? Vous êtes-vous rendu dans
les lieux où se passe l'action ?
FM : Oui, j'ai
accumulé beaucoup de documentation, j'ai lu beaucoup, et en effet je
me suis rendu 10 jours à NY (où j'étais déjà venu plusieurs
fois) spécifiquement pour faire des repérages de tous les
principaux lieux que je décris dans le livre. Ca peut paraître un
luxe superflu, mais moi ça m'aide à enrichir mon texte. Je prépare
un découpage très précis de mon histoire avant d'écrire, mais le
voyage sur place permet toujours d'ajuster certaines actions, en
fonction de la réalité des lieux. Et puis les lecteurs sont assez
nombreux à apprécier semble-t-il cette précision. On m'a même
demandé quelques fois si j'avais déjà vécu moi-même à NY !
___Projets___
T : J'ai vu que
vous allez bientôt sortir un nouveau livre ? Pouvez-vous nous le
présenter et nous dire pour qui s'adresse ce livre ?
FM
: Il s'agit des Écriveurs (éditions Baam / J'ai lu) et c'est le
premier tome d'une trilogie (pour l'instant) dédié plus
spécifiquement aux adolescents et jeunes adultes. Le pitch de
départ, c'est une île (invisible sur les cartes) où réside une
poignée d'enfants et d'adolescents ayant en charge le destin de
l’humanité tout entière. Ils Écrivent littéralement la vie des
autres êtres humains, vous, moi... tout le monde ! Cet endroit
s’appelle Hometone, et est aujourd’hui menacé par un ancien
Écriveur ayant abusé de son pouvoir. La jeune Lara Scott, tout
juste révélée, va peu à peu apprendre à diriger ceux qu’elle
écrit… et devoir assumer les conséquences de ses actes.
T : Avez-vous
d'autres projets d'écriture ? Avec d'autres maisons d'édition ?
FM : J'ai le
projet d'une sorte de spin off de mon roman, Le sang du Christ, chez
Michel Lafon, qui se déroulera 2000 plus tard, donc de nos jours, au
Vatican, dans le milieu des exorcistes. Et puis j'ai aussi en cours
de préparation, de façon plus immédiate, un autre thriller pour
Black Moon, qui se situera une fois encore aux États-Unis, à Boston
et sur le campus de Harvard, où je dois me rendre la semaine
prochaine pour parfaire ma documentation. Sa sortie est prévue en
principe à l'automne prochain.
Merci d'avoir répondu à
cette interview ! Au plaisir de vous recontacter !